L'URBANISATION DANS LE MONDE
En 1950, on dénombrait cinq mégalopoles de 5 millions d'habitants; en 2025, leur nombre approchera la centaine.
La ville lieu de naissance de la culture nie parfois sa vocation de protection des individus Issu de l’urbs romaine la ville reste le lieu de tous les affrontements mais aussi de tous les possibles au XXI° siècle.
A.Le Fait urbain
1. Le transfert des populations rurales vers les villes est un phénomène majeur du XX e siècle. Tandis que, vers 1800, seulement 2,5% de la population mondiale occupait une zone urbaine, vers 1980, le taux d'urbanisation atteint 40%; pour l'an 2002, les estimations et les projections démographiques s'établissent à plus de 53%. Aujourd'hui, huit Français sur dix vivent dans une agglomération urbaine.
2. C'est dans les pays en voie de développement que le taux de la population rurale est le plus élevé, en particulier en Afrique et en Asie, bien que la croissance des villes y soit plus forte qu'ailleurs. En raison de l'urbanisation des populations, les villes deviennent les zones de peuplement les plus denses de la planète. Ainsi, la densité de population est à Mexico de 7000 hab./km 2 , contre 41 pour tout le Mexique.
Au sens large, la notion d'urbanisation désigne toute concentration de population, par opposition à la dispersion qui caractérise la répartition spatiale de la population rurale.
Ce phénomène est la conséquence des progrès réalisés depuis le milieu du XVIII e siècle dans les domaines scientifique et technique, et de la dynamique des économies notamment dans l'agriculture, où la hausse considérable des niveaux de productivité a fait fondre le secteur primaire (agriculture) au bénéfice des secteurs secondaire (industrie) et tertiaire (services) : en 2000 un nombre restreint d'actifs agricoles (1 million) suffit à nourrir la France; ils étaient plus de 14 millions en 1850.
Toutefois, pour déterminer le taux d'urbanisation d'un pays, il faut au préalable s'entendre sur la définition de la ville.
Or, il en existe plusieurs : les critères statistiques retenus pour délimiter les villes varient selon les États.
En France, est considérée comme zone urbaine toute localité de plus de 2000 habitants; au Danemark, cette limite inférieure est fixée à 200 habitants; au Canada, à 1000 habitants; aux États-Unis, à 2500 habitants; en Inde, à 5000 habitants.
Mais il est aussi légitime de retenir d'autres critères, comme la superficie minimale ou la diversité d'activités qu'offre une agglomération. En outre, existe-t-il un seuil de définition "maximal"? En effet, peut-on parler de ville lorsque des espaces urbanisés s'étendent sur des superficies qui équivalent à une région entière?
B.La ville à travers l'histoire
• L'essor urbain tel que nous le connaissons aujourd'hui est un phénomène relativement récent. Avant la révolution industrielle, la part de la population regroupée dans les villes était extrêmement réduite. De surcroît, le nombre des cités était limité et leurs dimensions étaient faibles.
• Les premières concentrations urbaines apparaissent dans un petit nombre de vallées fluviales, qui permettent la culture et l'élevage : vers 3500 av. J.-C. en Mésopotamie, dans la vallée du Tigre et de l'Euphrate; puis vers 3000 av. J.-C. en Égypte, dans la vallée du Nil; vers 2000 av. J.-C. en Inde, dans la vallée de l'Indus; vers 1600 en Chine, en bordure du fleuve Jaune.
• De rares cités antiques, regroupant jusqu'à 1 million d'habitants, devinrent de véritables métropoles : ce fut le cas de Babylone, d'Alexandrie, de Byzance et de Rome, qui devaient ce privilège aux immenses empires dont elles étaient le centre politique, administratif et économique.
Durant la période médiévale, les principaux centres urbains de l'époque sont des cités marchandes, comme Londres, Paris, Bruges ou Gênes.
Mais de nouvelles villes se créent autour de monastères et de châteaux (Cluny ou Saint-Denis) ou à l'initiative d'autorités laïques ou administratives (Montauban, fondée par le comte de Toulouse; Brunswick et Munich par le duc de Saxe et de Bavière, Henri le Lion).
Comparées à l'actuel Mexico et à ses 25 millions d'habitants, ces cités conservent des proportions modestes.
C.Les cités multimillionnaires
Après le Moyen Âge et la Renaissance italienne, certaines villes deviennent de grands centres économiques et politiques.
Paris comptait 100000 habitants à la fin du XII e siècle (ce qui était considérable dans un contexte médiéval), 300000 à la fin du XV e et 500000 en 1700.
Mais la dimension des villes reste limitée par les difficultés que pose leur approvisionnement. À la fin du XVIII e siècle, la plupart comptent entre 2000 et 10000 habitants, les plus importantes atteignant 30000.
Durant la révolution industrielle, l'augmentation de la productivité du travail entraîne un accroissement de la production totale et, partant, une croissance démographique et une élévation du niveau de vie. La population urbaine se trouve multipliée par dix. À la fin du XIX e siècle, plus de la moitié des Britanniques et des Allemands occupent une aire urbaine.
En 1920, c'est le cas de 51,2% de la population américaine.
Dans le même temps, l'urbanisation des pays peu industrialisés n'a pas connu pareil développement. Même si le processus d'accroissement de la population urbaine est régulier, la proportion d'agriculteurs demeure très importante. Au XX e siècle, en Amérique latine, en Asie et en Afrique, se produit, sur un mode gigantesque et accéléré, l'explosion urbaine qu'a connue l'Europe au siècle précédent. Les progrès médicaux provoquent une croissance démographique incontrôlée, mais, contrairement à ce qui s'était produit en Occident, cette croissance précède le progrès économique au lieu d'en procéder.
Ce phénomène de gigantisme urbain transparaît à travers le nombre de villes de 1 million d'habitants (les villes "millionnaires").
En 1800, seule Londres approchait ce nombre (959000 habitants exactement). Cinquante ans plus tard, Paris atteignait ce niveau, alors que LondresBerlin, Vienne, Moscou, Saint-Pétersbourg, New York, Chicago, Philadelphie, Tokyo, Pékin et Calcutta.
En 1980, le monde comptait 230 cités millionnaires (6 dépassaient les 3 millions, 22 les 5 millions), les deux tiers d'entre elles et huit des douze plus grandes villes du monde - parmi lesquelles Mexico, Shanghai et Le Caire - se trouvant dans des pays en voie de développement. La moyenne d'âge de ces populations est basse, avec pour conséquence un taux de natalité élevé.
C'est particulièrement le cas en Amérique latine, où 80% de la population vit dans une agglomération en 2000. L'accroissement démographique de ces cités résultera désormais de la natalité naturelle plutôt que d'un transfert de population rurale.
C.Les avantages de la ville
Pourquoi les villes attirent-elles tant de monde? Une partie de la réponse réside dans la multiplicité des activités qu'elles proposent.
Les villes offrent les logements, les emplois, les meilleurs salaires et un niveau de vie plus élevé qu'à la campagne.
La production de biens et de services y est incomparable, comme les activités ludiques, pédagogiques et intellectuelles. Les soins médicaux que l'on peut y recevoir sont nombreux et de qualité. Les villes sont les lieux où se déploient les formes modernes de la vie sociale, où se conjuguent toutes les formes de la productivité et de l'innovation.(la gadgetisation de la vie)
D.Les problèmes urbains
Toutefois, l'explosion urbaine produit une multitude d'inconvénients :
1. surpopulation,
2. insalubrité des logements,
3. mauvaise qualité de la vie,
4. encombrements et pollution,
5. allongement des distances résidence-travail,
6. défiguration de la cité traditionnelle et urbanisme inhumain,
7. réduction du parc immobilier.
8. Les conditions de logement, y compris dans les pays industrialisés, sont souvent précaires pour les nouveaux citadins;
9. dans les pays du tiers-monde, elles peuvent atteindre un niveau insupportable.
10. Par ailleurs, la dépopulation du centre des villes est un phénomène régulièrement constaté dans la seconde moitié du XX e siècle. Le prix des logements réserve le centre-ville aux classes supérieures et rejette vers la banlieue la plus grande partie de la population, les plus démunis étant aussi les plus éloignés.
Aux États-Unis en revanche, depuis les années 1930, les centres-villes anciens sont délaissés et la population aisée trouve refuge dans les banlieues résidentielles, théâtres de l'expansion urbaine, où sont offerts des services efficaces et bien maîtrisés. Cet exode vers la périphérie non seulement réduit la population citadine, mais laisse les finances municipales exsangues en raison des déficits de prélèvements fonciers et fiscaux qui s'ensuivent.
En Amérique latine, en Asie, en Afrique, l'afflux incessant de nouveaux citadins excède gravement les possibilités d'accueil des villes-champignons.
Il en résulte des bidonvilles privés des structures sanitaires et hygiéniques, des sources d'eau potable, des accès aux moyens de transport collectif, des équipements culturels qu'implique cette croissance.
Les risques d'épidémie s'en trouvent décuplés. L'afflux de population est tel, dans certains pays sud-américains ou indiens, que ces "villages" de fortune sont incapables d'accueillir le trop-plein de candidats citadins; c'est ainsi que se crée une nouvelle catégorie urbaine, les sans-domicile, ou plutôt ceux qui élisent domicile dans la rue.
E.Explosions et implosions
1. Les urbanistes tentent de résoudre, avec plus ou moins de bonheur, les problèmes posés par la surpopulation urbaine. Dans les pays riches, par exemple, la création de cités nouvelles, de villes-dortoirs à la périphérie des villes a permis d'accueillir une partie du surcroît de population qui se voyait interdire l'accès des centres-villes.
2. Il est d'usage d'évoquer l'explosion démographique mondiale; mais, en matière d'urbanisation, on parlerait plutôt d'implosion - celle de cités débordées, étouffées par la concentration dans leurs limites de populations autrefois dispersées. La plupart des pays du tiers-monde sont touchés, mais les pays industrialisés sont de moins en moins épargnés.
3. Il y a cinq siècles, Paris avait une superficie de 8 km 2 ; son agglomération couvre à présent en l’an 2000 480 km 2 .
4. La cité originelle s'est progressivement étendue à la campagne environnante.
Lorsque des cités voisines se développent les unes vers les autres, elles finissent par se rapprocher et constituer des conurbations et des mégalopoles dont la forme extrême est représentée par l'agrégat de zones urbaines juxtaposées qui couvrent le nord-est des États-Unis sur 1000 km de long (Boston, New York, Philadelphie, Baltimore et Washington). Une telle mégalopole existe également au Japon, entre Tokyo et Osaka.